Familles Bonin

 

Visite à tante Simone

 

Visite à tante Simone     ( narration de Jean-Louis Bonin)

Huguette, mon épouse, et moi sommes arrivés à Petersham dans le Mass. à 3 hres et demi le 2 juillet 2002. On a immédiatement trouvé le couvent  des Sœurs de l’Assomption de la  Vierge Marie, car les religieuses nous avaient donné des indications très précises, lesquelles ont fait de nous des navigateurs bien renseignés. Une belle grande propriété s’est offerte à nos yeux.

 

           

Dès notre petit coup de sonnette, on a été pris en charge par une religieuse nommée Irène Gaudet qui disait avoir accompagné sœur Simone lors de son dernier voyage à Drummondville et avoir été celle qui l‘avait initiée à la méthode d’enseignement Montessori; elle savait le nom de la plupart des frères et sœurs de tante Simone et se rappelait avoir visité Anne-Marie sur la rue Goupil. Et quelle prise en charge !!! On va s’en souvenir longtemps; Tante Cécile vous aviez bien raison de nous dire que nous serions bien reçus. Il faisait une chaleur accablante et le rafraîchissement est arrivé à point. Et cela n’allait pas dérougir pendant tout notre séjour.

 

Les religieuses avaient préparé tante Simone à notre visite et nous avaient expliqué qu’en raison du stade avancé de la maladie d’Azeihmer, elle ne parlait pratiquement plus et que sa capacité d’être présente aux gens autour avait bien diminué; cependant, après la visite de Madeleine et de Gérard Lemieux voilà quelque temps, les religieuses avaient remarqué une meilleure capacité de présence  chez tante Simone pendant quelques jours et toutes espéraient qu’il en soit ainsi cette fois-ci ; donc cela a joué beaucoup en notre faveur comme vous allez le voir.

 Vers 4 hres, on est monté au niveau de l’infirmerie et en sortant de l’ascenseur, elle était là, appuyée contre le mur, vêtue d’une belle petite robe; pour nous cela a été comme une apparition; on a été aussi émus qu’elle, je pense bien; elle s’est laisser embrasser et nous avons pris une magnifique photo; après m’être identifié quelques fois, elle a eu une lueur dans les yeux et a dit mon nom; son rire saccadé a répondu au mien.

 

 

 

 

            Et puis le joyeux cortège a pris la direction de la chambre; tante Simone s’est déplacée sans aide; le long du trajet ( 50 pieds), j’ai échangé avec l’infirmière en chef qui m’a confirmé le stade avancé de sa maladie et les douleurs de plus en plus fréquentes qu’elle a au dos. Il faut dire en passant qu’il y a une quinzaine de religieuses confinées à l’infirmerie sous les soins d’un personnel infirmier laïc; les religieuses bien portantes  (elles sont une soixantaine dans le couvent) appuient  ardemment le personnel tout au long de la journée, mais surtout le soir pour les bains et la préparation au coucher. On nous a demandé si on désirait que tante Simone soupe avec nous; on a été affirmatif évidemment; alors les recommandations ont été données à sœur Irène sur la nécessité de servir à tante Simone des aliments mous surtout en raison du danger d’étouffement relié stress émotif présent dans une situation hors routine.

 

 

            Dans la chambre, on a continué à s’apprivoiser un peu; elle nous regardait plus intensément et elle riait souvent; il y avait quelques photos de famille sur le bureau, ce qui a aidé à maintenir le contact, surtout grâce au lien étroit que tante Simone a avec Sœur Irène; il devenait de plus en plus évident qu’elle identifiait Huguette comme mon épouse.

            En attendant le souper , on est descendu tous les quatre au parloir en bas; au moment donné , tante Simone a prononcé très distinctement le mot fleurs en montrant l’extérieur; Sœur Irène est allé cherché un fauteuil roulant et nous avons promené tante Simone sur la propriété tout en croquant de magnifiques paysages.

            Nous avons soupé ensemble au grand réfectoire, ce que tante Simone n’avait pas fait depuis longtemps; pendant le repas ; elle a mangé peu et vite et n’a pas eu d’étouffement; le repas s’est prolongé en raison des contacts que plusieurs religieuses sont venu faire à notre table.

Après le souper nous étions contents de nous retrouver à trois sur la galerie; là nous avons été gâtés.   En effet, le contact visuel a été constant pendant une bonne heure; je me sentais bien identifié par elle; je lui passais une à une les cartes que j’avais dans mon porte-monnaie et elle y lisait mon nom d’une façon claire; c’est là que j’ai pu constater que sa vue est extrêmement bonne car elle lisait de très petits caractères; son visage rayonnait; elle regardait beaucoup Huguette et disait que c’était mon épouse; puis j’ai commencé à nommer des noms; Jean-baptiste et elle disait : « c’est mon père ». Anastasie et elle disait « c’est la mère », Clément et elle disait «  c’est mon grand-père ». Au long de la conversation elle a dit distinctement le nom de plusieurs de ses frères et sœurs; puis elle comptait sur ses doigts one, two, three, four…comme si elle me demandait dans quel ordre j’étais dans la famille. Le clou de la soirée !!! Tout à coup , elle dit « chapelle »; elle se lève , me prend par le bras et sur 200 pieds elle m’a conduit au balcon d’où elle peut assister à la messe. Puis on l’a reconduite à sa chambre car on la sentant très fatiguée et elle a l’habitude d’aller au lit à 7 hres et demi.

 

 

Quant à nous , on a été conduits au cottage des soeurs qui servait au chapelain autrefois (maintenant , elles n’ont que deux messes par semaine); on y a  très bien dormi.

 

Après un plantureux déjeuner, on a revu tante Simone pendant une demi-heure; mais, était-ce parce que la nuit avait été pénible, on n’a pas pu avoir le même contact que la vielle comme si communiquer lui demandait un trop grand effort; il y avait de la peine dans ses yeux et elle avait le cœur gonflé et c’est sur cette note triste qu’on l’a quittée.